Une extraordinaire visite: Göbekli Tepe
Fascinant sanctuaire érigé il y a plus de onze mille ans
A l’automne 2009, j’effectuais de nouveau avec un groupe de Québécois un long circuit culturel en Turquie.
A chaque année, j’aime bien ajouter à mon circuit des endroits peu connus. Dans mes lectures, j’ai pris connaissance de ce site hors du commun.
Et c’est avec émotion que nous avons connu cet unique endroit.
Certains scientifiques posent l’hypothèse qu’il serait le « Jardin d’Eden ».
Au sud-ouest de Sanliurfa, le site de Göbekli Tepe, sanctuaire monumental construit environ 11 000 ans avant la naissance de Jésus Christ, abrite à ce jour le plus vieux temple jamais mis au jour par des archéologues.
Sa redécouverte
Bien qu’il soit connu depuis les années 60, ce site remarquable ne fait l’objet de fouilles que depuis 1995. C’est un berger de la région qui, en 1994, le « redécouvrit » et permit aux conservateurs du musée de Sanliurfa, ville située à quelques dizaines de kilomètres de Göbekli Tepe, de lancer une campagne de fouilles en partenariat avec l’Institut allemand d’archéologie.
Pour de nombreux scientifiques, Göbekli Tepe représente la plus importante découverte archéologique jamais réalisée. Après datation au carbone 14, l’âge du sanctuaire a en effet été estimé entre 13 500 et 10 000 ans. En comparaison, le célèbre site néolithique de Stonehedge ou les pyramides de Gizeh, datant respectivement de -2 800 et -2 500 ans avant J.-C., paraîtraient presque « récents ».
Une quarantaine de pierres, utilisées pour bâtir des mégalithes en forme de T, sculptées ou non, ont pour l’instant été mises au jour mais des sondages géomagnétiques de ce sanctuaire monumental ont révélé que plusieurs centaines d’entre elles se trouvaient encore enterrées.
La montagne du nombril
Le toponyme t Göbekli Tepe se traduit en français par « la montagne du Nombril », en référence à sa forme. Sur ce site repose le plus ancien temple de pierre jamais découvert (datation estimée entre – 11500 et -10000 avant notre ère1). Il aurait fallu plusieurs centaines d’hommes pour le construire et les travaux auraient duré de trois à cinq siècles. La civilisation mégalithique à l’origine de ce site est encore très mal connue.
Le temple aurait été abandonné en 8000 av. J.-C., laissant le temps (ou l’homme) enfouir le site (néolithique précéramique B).
Le site est une colline artificielle haute de 15 mètres pour un diamètre de 300 mètres. Celle-ci est située sur le point culminant d’une montagne allongée. Le sommet de cette colline est un point d’observation qui domine la région: on peut y voir les monts Taurus et Karaca Da? au nord et à l’est, et, au sud, la vallée de Harran qui s’étend jusqu’en Syrie. Seule la vue ouest est restreinte par les montagnes avoisinantes. La zone exploitée par l’homme serait de 300 à 500 m² selon les estimations.
Historique moderne du site
Göbekli Tepe fut enregistré en tant que site archéologique en 1963 dans le cadre de recherches turco-américaines. Une équipe d’archéologues américains, dont Peter Benedict, remarqua plusieurs collines étranges recouvertes de milliers de silex cassés, ce qui est un signe certain d’activité humaine. Mais les scientifiques n’eurent pas le temps ou les finances pour procéder à des excavations.
Trois décennies plus tard, un berger de la région aperçut un groupe de pierres aux formes étranges sortant du sol poussiéreux. La ‘redécouverte’ du site parvint aux oreilles des conservateurs du musée de la ville de ?anlyurfa, à cinquante kilomètres. Les responsables du musée contactèrent le ministère approprié, qui, en retour, se mit en relation avec l’Institut Allemand d’Archéologie.
Fouilles
[Le site fut donc l’objet de fouilles à partir de 1995, année durant laquelle le Musée de Sanliurfa et l’Institut Allemand d’Archéologie (DAI, Berlin) commencèrent l’excavation du site. Klaus Schmidt dirigea le chantier archéologique depuis le début. En 2006, les fouilles dépendaient de l’Université de Heidelberg, l’Université de Karlsruhe, associée, s’occupant du référencement des artefacts découverts.
Le temple
Le temple en lui-même est une colline artificielle, aux murs faits de pierres sèches non sculptées. Chaque pièce étant une construction mégalithique ronde. À ce jour, quatre enceintes dessinées par d’énormes piliers de calcaire pesant plus de 10 tonnes ont été dégagées. Les archéologues ont alors mis au jour un sanctuaire monumental, parmi les plus anciens connus en Occident.
A suivre
Louise Laurin / Notre Anatolie / Mars 2010