« Le Parc Gezi est partout »
La police turque continue l’usage de force excessive
Le projet de Taksim piétonnier et du parc Gezi existe depuis deux ans. Le 28 mai, dès les rumeurs de l’abattage des arbres, avant qu’on passe aux actes, les membres environnementalistes du Comité de solidarité Taksim (Taksim Dayanışma Platformu) ont campé dans le parc.
Le but du projet, malgré la réaction des citoyens, était de raser le parc Gezi de Taksim, l’un des rares espaces verts qui reste encore à Istanbul, pour y construire un centre commercial et des habitations de luxe.
Alors que l’action du Comité de solidarité Taksim, consistait à lire et à chanter pacifiquement dans le parc, soudain, le 30 mai, à 5 h du matin, la police détruisait les tentes par le feu, aspergeait les occupants de poivre de Cayenne et transformait la place en un champ de bataille.
Face à une telle brutalité, pendant que les médias de masse faisaient la sourde oreille, des citoyens responsables, communiquant par le biais de réseaux sociaux ont informé les gens et la population a afflué par vagues successives vers Taksim.
La réaction contre la brutalité policière a fait effet de boule de neige et le mouvement s’est étendu à Ankara, Izmir, Antalya, Eskişehir, Kayseri pour ne citer que ces quelques villes.
Le lendemain, bien qu’on attendait que le gouvernement calme le jeu et trouve une solution pacifique, la réaction de Recep Tayyip Erdoğan qualifiant les manifestants de vandales, alcooliques et marginaux a poussé les gens à une plus grande résistance qui s’est propagée dans 50 villes.
Tel que prévu, le premier ministre a visité des pays de l’Afrique du nord. Au Maroc, il s’est entretenu avec des groupes ayant les mêmes vues politiques que lui et le roi Mohamed VI ne l’a pas reçu. En Tunisie, après des pourparlers visant la collaboration économique, le porte-parole du Front populaire M. Hamma Hammami, après avoir dit : « je salue le Grand peuple turc », il a invité la population à participer à la manifestation organisée devant l’ambassade turque.
Depuis vendredi, le 31 mai, non seulement en Turquie mais un peu partout dans le monde comme Athènes, Paris, Londres, Berlin et New York les manifestants ont reçu des appuis. Au Canada il y a eu des démonstrations à Halifax, Vancouver, Calgary, Toronto, Ottawa et à Montréal. Les résistants, en grand nombre, ont lancé des slogans comme : « Tayyip démissionne », « AKP démissionne », « Résistanbul », « Tu es belle quand tu es fâchée ma Turquie », «La mort d’un arbre a réveillé une nation », « Le peuple ne se soumettra pas », « Taksim partout, résistance partout », «Résiste Gezi ».
Au moment d’aller sous presse, la police avait évacué Taksim, mais continuait l’utilisation de force excessive par l’usage de canons à haute pression ou de gaz lacrymogène. À Antakya (sud), à la suite de coups reçus à la tête, Abdullah Cömert, 22 ans, et Mehmet Ayvalıtaş à Istanbul sont morts. Ethem Sarısülük, grièvement blessé à Ankara, se trouve dans une unité de réanimation; son état est grave.
D’après l‘Association des médecins turcs (TTB) et la Chambre des médecins d’Ankara (ATO), à la suite de la force disproportionnée de la police lors des manifestations Gezi, il y a eu deux morts, 4 177 blessés dont 44 grièvement incluant 10 personnes ayant perdu un œil.
Notre Anatolie / Juin 2013