Dündar et Gül libérés
Can Dündar et Erdem Gül, les deux journalistes qui étaient incarcérés sont libérés de prison à Istanbul
Can Dündar et Erdem Gül, les journalistes qui étaient incarcérés depuis trois mois pour avoir fait état de livraisons d’armes d’Ankara à des rebelles islamistes en Syrie ont été libérés de prison au lendemain d’une décision de la Cour constitutionnelle.
Can Dündar, le rédacteur en chef du quotidien de Cumhuriyet, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, ont été accueillis par leurs proches et leurs soutiens à la sortie du centre de détention de Silivri, près d’Istanbul.
Arguant que « leurs droits à la liberté personnelle et à la sécurité ont été violés », la Cour constitutionnelle avait ordonné jeudi qu’un tribunal pénal mette un terme à cette « violation ».
« Je pense que c’est une décision historique », a déclaré à sa sortie de prison Can Dündar.
« Elle s’applique à tous nos collègues, à la liberté de la presse et à la liberté d’expression », a-t-il ajouté.
Relevant avec ironie que la date de leur libération, le 26 février, coïncidait avec le jour de la naissance du Président de la Répuplique Recep Tayyip Erdoğan, M. Dündar a déclaré: « Nous sommes très heureux de fêter son anniversaire, nous avons voulu lui faire un cadeau avec notre libération ».
MM. Dündar et Gül étaient accusés d’espionnage, de divulgation de secrets d’Etat et de tentative de coup d’Etat, et écroués fin novembre.
En cause, la diffusion en mai d’un article et d’une vidéo sur l’interception par des gendarmes en janvier 2014 à la frontière syrienne de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes syriens.
Le parquet d’Istanbul a requis à leur encontre la peine la plus lourde prévue par le code pénal turc, la réclusion criminelle à perpétuité, et fixé la date de l’ouverture de leur procès au 25 mars.
Le chef de l’Etat, qui a personnellement porté plainte contre les deux journalistes – de même que le chef des services secrets turcs, Hakan Fidan -, avait dénoncé une « trahison » et promis qu’ils allaient en payer « le prix fort ».
Son incarcération n’a pas empêché M. Dündar (54 ans), personnalité célèbre et auteur de nombreux livres, d’écrire ses habituelles chroniques dans lesquelles il n’exprime pas de regrets, appelant ses lecteurs à ne pas sombrer dans le désespoir.
Depuis son élection à la présidence en août 2014, M. Erdogan a multiplié les poursuites pour « insultes », visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers, un délit passible de quatre ans de prison.
La Turquie pointe à la 149e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), juste devant la Russie.
« Nous sommes sortis, mais cela ne veut pas dire que le problème des journalistes emprisonnés est réglé », a réagi M. Erdem Gül. « Il faut continuer à opposer un front uni aux pressions sur les médias », a-t-il ajouté.
Bizim Anadolu / Notre Anatolie / 26 février 2016
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